Contexte de l’accident : une installation sous pression
Le site concerné assurait la production de chaleur et d’eau chaude pour environ 60 000 habitants. Il comprenait deux chaudières bois de 17,8 MW. Le jour de l’accident, l’alimentation en plaquettes de bois avait été arrêtée à 8h30, laissant la goulotte d’admission pleine. Quelques instants plus tard, une explosion violente s’est produite, causant le décès de l’agent présent à proximité immédiate.
La goulotte d’admission : point névralgique de la défaillance
L’accident s’est produit au niveau de la goulotte d’introduction des plaquettes, un conduit à double enveloppe traversé par l’eau chaude issue du circuit de chaudière. Les experts de l’INERIS ont établi qu’une fermeture accidentelle de ce circuit aurait pu entraîner une montée incontrôlée en température et en pression.
La rupture de la goulotte se serait produite lorsque l’eau, portée à ébullition dans un circuit fermé, a dépassé la pression de rupture du matériau. L’énergie libérée lors de la vaporisation instantanée aurait alors provoqué l’explosion.
Scénario d’explosion : pression ou inflammation ?
L’INERIS a évalué plusieurs hypothèses de mécanisme de rupture :
-
Une dilatation thermique simple de l’eau (peu probable au vu des dégâts).
-
Une surpression liée à une ébullition dans un volume clos (scénario privilégié).
-
Une inflammation de gaz (non retenue ici, aucun combustible gazeux identifié).
Cette expertise souligne que même en l’absence d’atmosphère explosive au sens ATEX, une explosion physique peut se produire par la seule action de la vapeur d’eau en surpression.
Leçons en matière de prévention et de sécurité
1. Surveillance des circuits thermiques
Le maintien de la circulation d’eau dans les enveloppes doit être garanti, y compris en phase d’arrêt. Un défaut de vanne, de régulation ou de surveillance peut devenir critique.
2. Analyse de défaillance systémique
L’analyse de l’INERIS montre l’intérêt d’enquêtes techniques poussées après accident pour remonter à l’origine exacte des défaillances et améliorer les procédures futures.
3. Formation et culture sécurité
L’événement rappelle l’importance de former les opérateurs à la détection de situations anormales (montée en température, blocage de circuits), mais aussi de structurer la communication entre quarts de travail.
Une tragédie aux conséquences durables
Cet accident industriel illustre que la sécurité en chaufferie biomasse, souvent perçue comme moins à risque que des installations chimiques ou pétrolières, mérite une vigilance tout aussi rigoureuse. La combinaison de conditions physiques banales – eau, chaleur, confinement – peut engendrer des explosions violentes, même en l’absence de substances inflammables.
Besoin de vous faire accompagner pour votre site industriel ? Faites-nous part de votre besoin en cliquant ici.
Source INERIS : Rapport d’enquête sur l’explosion d’une chaudière biomasse survenue au sein d’un site exploité par APEE sur la commune d’Aix-en-Provence (13) le 29 septembre 2023
Article rédigé le 17.06.25 par
Sébastien Taraud