Une explosion en chaufferie : retour sur un accident industriel évitable
Un contexte énergétique sous pression
Le 29 septembre 2023, une explosion dramatique s’est produite dans une chaufferie biomasse à Aix-en-Provence. L’installation, qui fournissait chauffage et eau chaude à environ 60 000 habitants, était équipée de deux chaudières bois de 17,8 MW. Ce jour-là, l’alimentation en plaquettes avait été interrompue à 8h30. La goulotte d’introduction est restée pleine, et quelques instants plus tard, une surpression a provoqué une explosion fatale pour un opérateur en intervention.
La goulotte, maillon faible de la sécurité thermique
L’accident s’est concentré sur la goulotte d’admission des plaquettes. Ce conduit, à double paroi, est parcouru par de l’eau chaude issue du circuit de chaudière. Les investigations menées par l’INERIS ont révélé une défaillance probable de circulation dans ce circuit. Résultat : la température a grimpé jusqu’à provoquer une ébullition sous pression dans un volume confiné.
Quand l’eau dépasse son point d’ébullition sans pouvoir se vaporiser, elle accumule une énergie considérable. Une rupture du matériau a suffi pour libérer cette énergie sous forme d’explosion. Aucune atmosphère explosive de type ATEX n’était nécessaire dans ce cas : c’est la vapeur seule qui a déclenché le souffleRapport_BEA-RI_APEE_Aix….
Évaluer les causes : mécanique ou chimique ?
Trois hypothèses ont été examinées :
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une dilatation thermique simple (peu plausible au vu de la violence de l’explosion) ;
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une surpression par ébullition dans un volume clos (hypothèse retenue) ;
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une inflammation de gaz (écartée, aucune présence de combustible gazeux n’a été détectée).
Ce scénario met en évidence un type d’explosion souvent sous-estimé : l’explosion physique, sans combustion, provoquée uniquement par la vapeur d’eau surchauffée.
Quelles leçons tirer en prévention ?
1. Assurer la circulation thermique
Même à l’arrêt, les circuits d’eau doivent rester en circulation pour éviter toute surchauffe localisée. Un défaut de vanne ou un manque de surveillance peut suffire à créer un point de rupture.
2. Enquêter après coup, pour mieux prévenir
L’analyse poussée de l’INERIS démontre toute l’importance des retours d’expérience. Comprendre les mécanismes précis d’un accident est essentiel pour ajuster les procédures de sécurité.
3. Former à la détection des signaux faibles
Les opérateurs doivent pouvoir identifier une élévation anormale de température, un blocage de flux ou tout autre indicateur de dérive. Cela suppose aussi une meilleure communication entre équipes en poste.
Biomasse : une fausse impression de sécurité
Cet accident rappelle que les chaufferies biomasse, souvent perçues comme « moins dangereuses » que les unités chimiques ou pétrolières, n’en restent pas moins des installations à haut risque. Eau, chaleur et confinement peuvent suffire à générer des phénomènes violents.
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📄 Source : Rapport INERIS sur l’accident d’Aix-en-Provence – 29 septembre 2023
Article rédigé le 17.06.25 par
Sébastien Taraud